mercredi 7 octobre 2009

Des rabbins orthodoxes favorables au mariage civil en Israël

Isaac Lifshitz, rabbin, docteur en philosophie, violoniste et ceinture noire d’aïkido établi à Jérusalem, est avant tout un homme d’esprit. A une époque où les approches religieuses dogmatiques ne sont pas peu prisées, Isaac Lifshitz tente de redonner toute sa place à l’esprit et toute sa valeur à la notion de mesure. Nous l’avons rencontré au Mercaz Shalem de Jérusalem, où il est chercheur. Mise au point autour de quelques idées clé :

(…) La pratique de l’aïkido a-t-elle une influence sur votre pratique du judaïsme ?


Isaac Lifshitz : Beaucoup me posent cette question. L’aïkido contient en effet un élément de paganisme, qui se manifeste notamment par le lien privilégié qu’il entretient avec la nature. Le fondateur de l’aïkido, Morihei Ueshiba, était un prêtre shintoïste. Il serait faux de dire que le judaïsme et l’aïkido sont parfaitement compatibles. Le judaïsme est toutefois une religion très ancienne, et en tant que telle respecte la nature.

Un exemple : le tabernacle est une construction en bois recouverte d’or, et suit donc les règles relatives au bois : un tronc doit être tenu racines en bas, branches en haut, en harmonie avec la nature. A Souccoth, nous tenons le loulav dans une position similaire. Le shabbat est aussi une obligation qui entre en harmonie avec la nature : une fois par semaine, nous cessons de créer. L’activité créatrice est en effet contre nature : elle est une manifestation du contrôle de l’homme sur la nature.

L’idolâtrie, qui se manifestait autrefois par des sacrifices aux forces déifiées de la nature, existe-t-elle encore aujourd’hui ?

“Les pratiques magiques existent encore parmi les Juifs – à travers l’utilisation de la Cabbale.“

Isaac Lifshitz : L’idolâtrie et les pratiques magiques existent encore au Moyen-Orient. Pas seulement chez les peuples qui nous entourent mais également chez les Juifs – à travers l’utilisation de la Cabbale ou certaines croyances, comme celle qui consiste à croire que boire de l’eau sacrée peut guérir. L’idolâtrie relève de l’adoration, alors que la magie consiste en manipulations irrationnelles destinées à modifier le réel.

Dans les faits, idolâtrie et pratiques magiques sont fréquemment liées et Maïmonide les dénonçait avec la même vigueur. Les pratiques magiques continuent d’exister au sein de certains courants cabalistiques du judaïsme : à travers la cabbale, certains étudient les mécanismes divins et les sphères supérieures afin de manipuler Dieu ; l’utilisation des lettres hébraïques, des versets bibliques et certaines actions irrationnelles ont pour objectif d’inciter Dieu à agir dans un sens ou un autre. C’est pourquoi de nombreux rabbins à travers l’histoire se sont opposés avec force à l’étude du mysticisme juif. (…) Le terme ‘idolâtrie’ est aussi employé en référence à l’adoration que certains ont pour le foot, l’argent, mais ce n’est là qu’une extension de l’application du terme, un abus de langage.

Comment définiriez-vous le rapport de l’Homme à Dieu dans le judaïsme ?

L’Homme et Dieu : “une relation égalitaire”

Isaac Lifshitz : Certains commentateurs talmudiques estiment que Dieu ne souhaitait pas qu’Abraham le prenne au sérieux au moment du sacrifice d’Isaac. Dieu veut que l’Homme discute avec lui. Nous le voyons avec Moïse : Moïse n’acceptait pas systématiquement les ordres de Dieu. Nous le constatons aussi avec Abraham, qui a discuté avec Dieu au sujet de la destruction de Sodome et Gomorrhe. La relation est beaucoup plus égalitaire qu’on ne le croit. Le judaïsme accorde une place d’honneur à l’Homme : l’Homme n’est pas tenu de tout accepter sans mot dire. Certains textes talmudiques évoquent une relation étonnamment amicale entre l’Homme et Dieu. Martin Buber, et d’autres penseurs juifs du début du XXème siècle, placent la relation entre l’Homme et Dieu, plutôt que Dieu seul, au cœur de la pratique juive.

La théocratie, où Dieu gouverne, vaut-elle mieux que la démocratie, où c’est le peuple qui gouverne ?

“La Torah laisse l’homme libre de choisir le régime qui lui plaît.”

Isaac Lifshitz : La loi juive ne recommande pas la théocratie. La pensée juive ne croit pas aux régimes ; dans la Torah, on entend deux fois parler de régime, dans le premier cas d’un régime de juges et dans le second cas de monarchie. Il s’agit dans les deux cas de suggestions de non Juifs : il est dit que si le peuple juif souhaite ressembler aux peuples qui l’entourent en ayant un roi, cela lui est permis. La Torah ne propose pas de régime politique car ce n’est pas là son domaine. Le peuple juif peut organiser sa vie politique comme il l’entend.

La Torah est-elle contre la séparation de la religion et de l’Etat ?

Isaac Lifshitz : Si plusieurs rabbins s’opposent à la séparation de la religion et de l’Etat, ce n’est pas par respect de la halakha [loi juive] mais pour préserver le judaïsme et le peuple juif. Ils veulent que l’Etat juif se comporte comme tel. Leurs motivations sont nationales. Je peux les comprendre, mais je pense que le prix à payer est trop élevé. Le nombre de couples qui choisissent d’aller se marier à Chypre est trop important pour être indéfiniment ignoré.

La séparation de la religion et de l’Etat : « La loi juive est faite pour ceux qui sont prêts à la suivre. »

L’ancien grand rabbin sépharade Bakshi-Doron souhaitait la séparation de la religion et de l’Etat. Il estimait que le mariage civil devait être permis en Israël. La situation actuelle est en effet problématique, et pas seulement dans le cas des mariages mixtes : il arrive fréquemment que deux personnes se marient conformément à la loi juive, mais ne divorcent pas selon les règles, ce qui engendre des problèmes. Or s’ils ne s’étaient pas mariés conformément à la halakha [loi juive], la séparation ne serait pas aussi problématique.

La loi juive sied aux personnes qui sont désireuses de la suivre. Les problèmes de fond ne se règlent pas par la loi mais par l’éducation. L’actuelle ministre de l’Education prépare une liste de textes juifs importants qui devront être étudiés par les étudiants israéliens. C’est à mon sens une mesure positive, permettant d’instruire les Israéliens de textes largement méconnus appartenant à l’héritage juif.

Le dialogue interreligieux est de plus en plus prisé. Croyez-vous en son efficacité ?

“Il existe des éléments de soufisme dans le judaïsme.”

Isaac Lifshitz : Il ne peut être que positif. Le fils du Rambam, le rabbin Abraham Ben Moshé (également grand rabbin) avait un ami soufi. Abraham Ben Moshé a introduit certaines lois soufies dans le judaïsme, estimant que nous devions apprendre d’elles.

Le judaïsme préconise-t-il le compromis comme moyen de parvenir à la paix ?

Isaac Lifshitz : ‘Paix’ (Shalom) est l’un des noms de Dieu. Les bonnes relations avec autrui sont essentielles, mais ne doivent pas nous faire renier nos principes. Il est dit que le compromis est le lieu où la paix et la vérité se rencontrent. Dans Sanhédrin (Juges) 6b, R. Judah b. Korha dit : ‘Le règlement par arbitrage est une action méritoire. Appliquer le jugement de la vérité et de la paix dans vos demeures, [tenant compte du fait que] là où règne une justice stricte, il n’y a pas de paix, et que là où règne la paix ne règne pas une justice stricte!’ Le compromis est donc encouragé. Mais toutes les parties doivent y participer. (…)

Entretien intégral paru dans le Jérusalem Post sous le titre « Rencontre avec un homme d’esprit »

Le rayonnement de la Reine Rania au Moyen-Orient

Sur la page d’accueil du site en anglais de la Reine Rania de Jordanie, on peut lire : « Eduquer nos enfants, ce n’est pas juste leur assener des connaissances, c’est surtout (…) leur insuffler le plaisir d’apprendre tout au long de la vie, la créativité, l’expression et l’amour de la diversité. » Et de fait, dans ce Moyen-Orient tourmenté par la misère, l’ignorance et la haine, la Reine Rania a fait de l’éducation son principal cheval de bataille.

La Reine Rania : une reine inébranlable et une femme vulnérable

Adulée en Occident plus encore que dans les pays du Moyen-Orient (elle a même reçu la citoyenneté milanaise en signe d’hommage), la Reine Rania a ceci d’extraordinaire qu’elle fait l’unanimité : les critiques à son sujet sont quasiment inexistantes, ce dont ne peut se vanter aucune cible des médias, ni Carla Sarkozy, ni Michelle Obama. Rania est, de l’avis général, l’incarnation de la beauté, du bon goût, de la tenue, de l’intelligence. C’est en outre une diplomate accomplie : pas une bourde ne sort de la bouche de cette Palestinienne qui a grandi au Koweït et fait ses études à l’université américaine du Caire. En tant de crise, elle a prouvé qu’elle était capable de modérer ses propos ; dans ses discours, l’émotion est toujours dosée afin de servir des objectifs constructifs.

Qu’en est-il de ses sentiments réels, des émotions forcément humaines qui se cachent derrière cette façade royale ? De cela, rien ne transparaît au grand jour. Mais si tous les efforts sont faits par la Reine pour présenter la famille royale hachémite comme harmonieuse et unie, des sources murmurent que la reine nourrit une amitié soutenue pour Abdul Rahman Al-Rashed, directeur de la chaîne satellite Al-Arabiya, plus grande télévision satellite du monde arabe avec Al-Jazeera.

C’est d’ailleurs Al-Arabiya qui diffuse un dessin animé jordanien en 13 épisodes auquel la Reine a prêté en 2006 son nom et accordé son soutien : le peu convainquant « Ben and Izzy » (un Américain et un Jordanien), destiné à promouvoir la tolérance et la paix dans le monde.
La reine et Al-Rashed sont aperçus ensemble à Londres. Dans ce qui semble être un private joke, elle répond d’ailleurs en septembre 2008 à la question d’un journaliste de Condé Nast par cette phrase : « J’ai une histoire d’amour de longue date avec Londres ». Elle dit aussi : « J’aime tous les lieux où je peux me mêler aux autres en restant anonyme ! Le Royaume-Uni, et Londres en particulier, sont super pour ça… »

On apprend qu’il est question de divorce, que le couple hachémite fait chambre à part, que Hind Hariri, fille de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri et plus jeune milliardaire du monde, serait pressentie pour devenir la future reine de Jordanie. Mais la crise familiale est étouffée, le temps passe. Et le couple royal semble en sortir quasi indemne : elle endurcie, plus ferme que jamais dans ses combats pour l’éducation, la santé et la paix, se consacrant avec une énergie décuplée aux tâches qui justifient à 100% son statut : la lutte contre l’analphabétisme, la pauvreté, la maltraitance des enfants, pour l’instruction et le travail des femmes. Et dans ces combats, le roi Abdallah de Jordanie et son épouse sont entièrement solidaires.

L’Education et la protection de l’enfance : une priorité

Ayant pris le problème de l’Education en main, la Reine Rania ne ménage pas sa peine : en septembre 2008 à New York, elle se joint aux premiers ministres britannique et australien Gordon Brown et Kevin Rudd, et à Rama Yade pour la France, à l’occasion d’un sommet ayant pour thème « 2015 : l’Education pour tous », qui doit rappeler aux chefs d’Etat leur engagement à instaurer l’école primaire pour tous. « L’éducation est un droit, les filles comptent, et les écoles ne font pas que bâtir des vies ; elles les sauvent », déclare Rania. Elle rappelle que 774 millions d’adultes sont analphabètes, en majorité des femmes : Elle ajoute que la date fixée de 2015 pour remplir ces objectifs « n’est pas négociable » : « c’est une épreuve que nous ne pouvons pas nous permettre de rater. »

Ses efforts en matière d’éducation commencent toutefois chez elle, en Jordanie : Rania institue ainsi en 2006 un Prix d’excellence pour l’Education, visant à récompenser chaque année des enseignants hors pair, à valoriser le travail des enseignants et à mettre en lumière les stratégies éducatives qui marchent. Plus récemment encore, en avril 2008, elle lance le projet « Madrasati », visant à rénover 500 écoles publiques jordaniennes.

Les objectifs suivants sont fixés : propreté, matériel en bon état, chauffage en hiver, classes colorées et agréables, terrains de jeux et de sport, bibliothèque et salle d’ordinateurs dans chaque école. L’initiative individuelle est encouragée pour mener à bien ce projet : les entreprises privées et les bénévoles sont sollicités.

La Reine Rania vient en outre en aide aux enfants maltraités dans le cadre de la Jordan River Foundation (JRF), dont elle est la fondatrice : « [Autrefois en Jordanie], la maltraitance des enfants était un sujet tabou qui faisait honte (…) Aujourd’hui, elle se dénonce haut et fort. » En 2000, une maison d’accueil pour enfants maltraités était construite en Jordanie, le « Dar Al-Aman », première du genre dans le monde arabe.

Accorder aux femmes des moyens et une dignité

Les enfants ne sont pas l’unique cible de la Reine : elle dédie une grande partie de son temps à améliorer la condition des femmes dans son pays et dans toute la région. A l’origine d’un projet de micro finance rappelant les stratégies de Jacques Attali pour endiguer la misère dans le monde, la Fondation s’est attaquée à la pauvreté en Jordanie « non en accordant des poissons, mais en apprenant à pêcher », selon la métaphore, qui en est à peine une, employée par la Reine Rania : « Je voulais que la JRF aide ceux qui font leur possible pour créer une petite affaire mais qui n’ont pas la somme de départ nécessaire ou la moindre notion de comptabilité… ces mères qui savent faire de choses et souhaitent travaillent, mais qui veulent aussi rester chez elles pour élever leurs enfants… »

Cette initiative donne un nouvel élan à des traditions culturelles jordaniennes telles que le tissage de tapis ou la confection de paniers (…) » Avec une aide à l’acquisition du matériel de base, de nombreuses femmes ont réussi à se faire un petit revenu, vendant des tapis originaux (très prisés par les touristes) et montant parfois de petites entreprises où d’autres femmes sont employées.

« Le principe de base de la JRF est de créer des emplois par des projets générateurs de revenus. »

Les initiatives sociales de la JRF sont devenues un modèle dans tout le monde arabe, affirme la Reine Rania. Une conséquence inattendue, mais bienvenue des ces projets constructifs est, selon elle, « le changement des mentalités » qu’ils auraient suscité. Les individus auraient pris conscience que le développement n’est pas l’apanage du gouvernement, dont les moyens sont limités, mais relève également de la responsabilité des individus, « qui peuvent créer des coopératives et des emplois par eux-mêmes ».

Selon la Reine Rania, la situation des femmes dans le monde arabe évolue, les régimes comprenant que les femmes représentent 50% de la population et sont un potentiel économique qui, s’il était exploité, permettrait de faire un bond en avant. « Selon la Banque mondiale, le monde arabe fait partie des pays les plus dépensiers en matière d’éducation. Or dans les pays du Moyen-Orient, la majorité des étudiants à l’université sont des femmes. »

La Reine Rania sur Youtube : combattre les préjugés des Occidentaux sur les Arabes et les musulmans

Mais la Reine Rania entend aussi éduquer l’Occidental en modifiant l’image négative que celui-ci pourrait avoir des Orientaux. Elle voudrait « (…) accroître la compréhension entre les peuples de toutes les cultures, religions et milieux sociaux… montrer que nous avons tellement de choses en commun… Au-delà des considérations de race, de religion, de couleur ou de confession, les gens partagent les mêmes préoccupations et les mêmes valeurs ». Elle va jusqu’à comparer le danger de la violence déclarée à celui de « la méfiance qui éloigne les gens les uns des autres ».

Prenant une fois encore les choses en main, la reine Rania se crée un compte sur Youtube « parce que c’est un excellent lieu de dialogue et d’échanges ». Elle convie les internautes sur cette tribune virtuelle à lui faire part de leurs préjugés sur les Arabes et les musulmans. Plusieurs vidéos de la reine répondant aux préjugés et aux questions des internautes occidentaux sont ainsi mis en ligne. Ces réponses frappent par leur honnêteté et leur volonté de mettre l’accent sur l’aspect positif des pays du Moyen-Orient. La première vidéo de la reine Rania a été vue 1.4 millions de fois en quelques semaines, suscitant 83 réactions vidéo et 6000 commentaires écrits. « Il y a plus d’incompréhension que je ne le pensais, plus de colère et de parti pris, mais aussi plus d’intérêt, de soutien et d’engagement », dira-t-elle.

Nathalie Szerman
Interview de Serge Moati

Sur le plateau de Ripostes, interview vérité de Serge Moati : Israël, la Tunisie, la paix, ses projets artistiques, il se livre sans fard.

"C'est tout de suite, c'est sur Ripostes", promet en direct Serge Moati qui vient de présenter aux téléspectateurs le débat qui va s'ouvrir dans quelques minutes sur TV 5 France : en ce dimanche 10 mai, c'est Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy, qui va passer sur le gril. Mais si nous nous trouvons en ce jour sur le plateau de Moati, c'est plus pour Serge que pour Henri : voilà 10 ans que l'émission Ripostes fait parler d'elle, et l'animateur n'y est pas pour rien : impact des invités certes (Villepin, Finkelkraut, Tariq Ramadan, Marine Le Pen …), mais aussi style très personnel d'un homme de télé qui jongle entre journalisme, réalisation et production, sans oublier de faire l'acteur de temps en temps.

Petites lunettes rondes, gestuelle théâtrale, culture, humour et sentiments : une nature méridionale conjuguée au travail sur l’allure d’un homme de communication conscient de son image. Après l'émission et le cocktail consécutif, Serge Moati, vanné mais encore vif et alerte, tombe le masque pour Israël Magazine.

- Vous considérez-vous avant tout comme un réalisateur, un acteur, un producteur, un journaliste, un écrivain, un homme politique ? La liste est longue...

- Tout cela à la fois et rien de tout cela. Tout ça à la fois parce qu'effectivement, c'est ce que je fais. Je suis un homme de télévision, de communication. Quel est mon métier ? Je ne sais pas... La curiosité, le goût de l'autre sont le point commun entre toutes ces activités. Ce que j'aime, c'est l'alternance. Là, la saison de Ripostes va s'achever et j'avais très besoin de faire un documentaire. J'ai eu la chance d'aller en Israël faire une journée pour ARTE. J'ai besoin de respiration.

"Il y a contradiction entre spiritualité et pratique orthodoxe de la religion"

- Comment vivez-vous votre judaïsme ?

- Je suis laïque, mais spirituel. Je pense qu'il y a une contradiction entre spiritualité et pratique orthodoxe du judaïsme. J'ai un rapport très singulier à Dieu. Ca paraît prétentieux, mais c’est ainsi. Je pense me trouver dans la droite lignée de la tradition juive, comme Moïse qui a vu Dieu face à face. Je n'aime pas le côté conformisme collectif et ne pratique donc pas. Mes parents sont morts quand j'avais onze ans. Je n'ai pas du tout connu la tradition juive. Je n'ai pas le souvenir de fêtes. C'est donc tout seul que je m'y suis mis, et je défie quiconque de dire qu'il est plus juif que moi.

- Vous êtes connu pour vos bons rapports avec le monde musulman. Un réalisateur tunisien a adapté votre livre Villa Jasmin pour un téléfilm. Je ne connais pas d'autre exemple de réalisateur musulman ayant adapté l'oeuvre d'un Juif. Comment cela est-il arrivé ?

- C'est arrivé par fraternité. On est nés tous les deux sous le même ciel. Son père était journaliste, le mien aussi. Il existait une fraternité des couches sociales en Tunisie : les pauvres Juifs étaient fraternels avec les pauvres Arabes. Les journalistes juifs - des bourgeois intellectuels dans l'ensemble - étaient copains avec les bourgeois intellectuels arabes. C'était une société de castes et de classes. Il y a certes eu des moments, liés à l'histoire d'Israël, qui ont été des moments de cassure. Mais la plupart du temps, sur la durée, les rapports étaient bons entre Juifs et Arabes. Il existait bien un anti-judaïsme ancestral qui par moments faisait des flambées. On brûlait tous les magasins juifs. Mais ça s'arrêtait dès le lendemain. La Shoah n'est pas une invention arabe. Il y avait des signes distinctifs : les Juifs étaient habillés d'une certaines façon ; ils n'avaient pas le droit de faire certains métiers. Mais cela n'a jamais atteint les proportions atteintes par l'anti-judaïsme dans l'Occident chrétien.

- Cherchez-vous à faire entendre certaines voix arabes ou musulmanes modérées ?

- Tous ceux qui peuvent contribuer au dialogue, Meddeb, Chebel, Tahar Ben Jelloul [prix Goncourt ndlr], je tente de les mettre en avant.

"Si Ilan Halimi a été assassiné, c'est par antisémitisme social"

- Comment réagissez-vous face à l'antisémitisme d'une grande partie de la population arabe ou musulmane ?

- Si Ilan Halimi a été assassiné, c'est par antisémitisme social. C'est... les "Juifs sont riches". Cela n'excuse rien ; l'acte est ignoble. Mais il ne s'agit pas d'un antisémitisme structurel, réfléchi. Je ne veux pas que la moindre de mes paroles contribue à alimenter cette polémique. J'ai trop de copains musulmans et juifs. C'est ensemble, et fraternellement, intelligemment, que nous devons aller les uns vers les autres. J'ai été fier de présenter la soirée de l’UNESCO sur le projet Aladdin [visant à apporter une information sur la Shoah, les relations judéo-arabes et la culture juive en arabe, farsi et turc ndlr] car elle va dans le sens du rapprochement. Il y avait quand même 250 intellectuels musulmans présents pour rejeter le négationnisme. On peut toujours jeter de l'huile sur le feu, mais cela ne m'intéresse pas. Je n'ai pas envie d'exciter, ni de pousser qui que ce soit à la guerre.

"La pire des attitudes, c'est la diabolisation"; "Le Pen a répété devant ma caméra, à cinquante centimètres de moi, que la Shoah est un point de détail de l'histoire."

- Vous auriez qualifié Le Pen de "marrant, sympa et cultivé". Son amitié pour Dieudonné est-elle aussi "marrante" ?

- Non. Mais je ne retire pas ce que j'ai dit. La pire des attitudes, c'est la diabolisation. Nous, Juifs, avons connu cela. Nous avons connu les stigmates et devons faire très attention à ne pas diaboliser qui que ce soit. Je ne vais pas, moi, fils de déporté, m'amuser à reproduire cela, avec Le Pen, sa fille, ou qui que ce soit d’autre. Quand un type pèse 18% des voix en France, il n'y a aucune raison de ne pas le recevoir. Ou alors on interdit le Front national ! Si on n'écoute pas, on ne comprend rien à la vie, à ce qui fait qu'un homme est un homme. Si vous le traitez de diable, vous lui retirez l'humanité, donc vous l'excusez. Et vous figez la réalité. C'est trop facile, le diable. Au moment où tous les journalistes refusaient de recevoir Le Pen, moi je l'ai reçu, et il savait parfaitement qui j'étais. Il a répété devant ma caméra, à cinquante centimètres de moi, que la Shoah est un point de détail de l'histoire.

Si j'avais pu interviewer Goebbels, je l'aurais fait. J'ai dit à Marine Le Pen, la dernière fois où je l'ai interviewée, que j'étais moi-même l'enfant d'un détail, et je crois que nos rapports se sont terminés là.

- Qu'est-ce qui justifie la grande admiration que vous semblez avoir porté pour François Mitterrand ? C'est grâce à vous qu'il est entré vivant au Panthéon...

- J'ai connu Mitterrand à l'âge de 21 ans. C'est un homme qui m'a beaucoup apporté, enrichi. Je le trouvais très gentil. Je n'oublierai jamais les grandes réformes sociales de Mitterrand, je n'oublierai jamais l'abolition de la peine de mort, je n'oublierai jamais l'Europe. C'était un grand ami d'Israël. Il est vrai qu'il a invité Arafat, mais après avoir prévenu la Knesset qu'il y aurait un jour un Etat palestinien.

- Parmi les personnalités que vous avez interviewées se trouvent Lang, Royal, Bayrou, Villepin. Avez-vous gardé un souvenir marquant de l'une d'entre elles ?

- J'ai eu de grands moments, comme le débat entre Finkelkraut et Tariq Ramadan, parce que cela a représenté un moment extraordinaire de dialogue.

"Je préfèrerais un Israël plus méditerranéen. Le pays a tellement changé..."

- Dans un récent entretien, vous vous êtes déclaré agacé par l’américanisation à outrance d’Israël. Quel rapport entretenez-vous avec Israël ?

- Ce n'est pas ce que j'ai dit. Il est vrai toutefois que je préfèrerais un Israël plus méditerranéen. J'ai connu Israël en 58. J'y allais souvent. Le pays a tellement changé... Quand je vois la culture américaine envahir Israël, cela m'ennuie un peu. J'aurais préféré plus d'authenticité. J'ai beaucoup aimé la période des kibboutzim de ma jeunesse, la période des travaillistes. Israël inventait un modèle social démocrate tout à fait original et très fraternel. Israël fait ce qu'il veut et je ne suis pas Israélien. Mais le modèle fast food, business, "matter of fact" adopté par Israël ces dernières années ne me plaît pas spécialement.

- Comment s'est passée la coopération avec Amos Gitaï sur le film Plus tard tu comprendras ?

- Amos est un grand créateur. Il est entier. Contrairement à moi, il se donne entièrement à sa tâche du moment. Moi je fais 36 choses à la fois. Il a réalisé un beau film, fort. On est très dissemblables, mais on s'est bien entendus. Ma maison de production a produit le film. Je connaissais Amos, parce que dans l'Arche, où j'étais autrefois critique cinématographique, j'avais encensé son premier film, un documentaire.

"Je ne sais pas si la paix est possible, mais elle est nécessaire" ; "Je voudrais bien, avant de mourir, pouvoir y assister."

- Pensez-vous que la paix soit possible entre Israël et les pays de la région ?

- Je ne sais pas si elle est possible ; là n'est pas la question. Elle est nécessaire ; elle doit avoir lieu, si on ne souhaite pas la mort de nos enfants ou des enfants palestiniens. Et je voudrais bien, avant de mourir, voir la paix. Je suis passionnément attaché à Israël et je ne supporte pas que l'on puisse, avec légèreté, parler du destin d'Israël et ne pas favoriser tout ce qui peut contribuer à la paix. Surtout en se trouvant ici, le derrière bien à l'aise, en faisant la guerre par procuration ; c'est trop facile.

- Partagez-vous l'enthousiasme généralisé pour Obama ?

- Oui, je suis très content. On va voir. Il faut s'appuyer sur les forces modérées, et c'est ce qu'il fait, visiblement. Il est très important de s'appuyer sur des gens avec qui l'on peut parler. Mon maître Shimon Peres disait que l'on fait la paix avec ses ennemis, pas avec ses amis.

- Vous préparez un film sur le Général de Gaulles. Quel message voulez-vous faire passer ?

- "Je vous ai compris" a dit De Gaulle aux Pieds noirs sur le forum d'Alger, leur faisant croire que la France était là pour l'éternité, et quatre ans plus tard… J’essaie de comprendre comment cela a pu arriver. On en est au casting. On cherche les acteurs.

- Vous préparez en outre une pièce de théâtre …

- C’est une pièce sur l'Ecclésiaste d’une durée de 45 minutes. Je vais la jouer avec mon fils. Je serai le vieux roi d'Israël et lui le jeune roi [rires]. C'est un texte qu'il faut donner à entendre. Nous avons choisi la très belle traduction d’Ernest Renan. Je conjugue plusieurs projets car je m'ennuie très vite. J'ai besoin de faire. C'est pour moi un bonheur, pas du tout comme si je travaillais. C'est quand je ne travaille pas que je travaille… vous voyez ce que je veux dire ? [sourire]

Propos recueillis par Nathalie Szerman
Entretien avec Bernard-Henry Lévy

Menace nucléaire iranienne, perspectives de révolution anti-islamique en Iran, guerre froide au Moyen-Orient, et bien sûr Israël : son avenir, son identité… Bernard-Henri Lévy a pris le temps d’évoquer pour Israël Magazine ces sujets qui préoccupent aujourd’hui tous les esprits et où les façonneurs d’opinion sont le plus attendus.

Philosophe acteur de son temps, BHL l’est aussi sur la Toile : faisant partie de ces intellectuels qui ont compris que le web est le lieu des plus improbables rencontres, il est présent sur Facebook (http://www.facebook.com/pages/Bernard-Henri-Levy/91342363268?ref=ts), Twitter, et également sur un site que lui a consacré l’écrivain Liliane Lazar (http://www.bernard-henri-levy.com/qui-est-liliane-lazar). Par Facebook, BHL s’est adressé à la jeunesse iranienne en pleine période d’émeutes post-électorales pour lui montrer que, malgré la non-ingérence verbale des puissances occidentales, cette jeunesse n’est pas seule.

NS : Il existe aujourd'hui des raisons d'être optimiste ET pessimiste au sujet du Moyen-Orient. Quel avenir se dessine dans la région à votre avis ?

BHL : Je suis, paradoxalement, plus optimiste qu’il y a quatre ans. La défaite du Hezbollah au Liban. L’affaiblissement du Hamas. La révolte populaire en Iran. Tout cela va dans le bon sens. C'est-à-dire dans le sens de l’affaiblissement des forces de guerre et de haine.

"Le régime tenait sur l’illusion de la neutralité de Khamenei ... Eh bien fini, l’illusion."

NS : Le président Obama s'est dernièrement déclaré "consterné et outragé" face à la répression des manifestants iraniens. Il a toutefois fait savoir qu'il souhaitait ne pas s'ingérer dans les affaires iraniennes intérieures, car le soutien de l'Amérique pourrait « causer du tort » aux manifestants. Ne faut-il pas au contraire que les pays occidentaux manifestent haut et fort leur soutien aux manifestants au nom de la défense de la démocratie et des droits de l'homme ?

BHL : Oui, bien sûr, c’est ce que je pense. Et c’est ce que je n’ai, personnellement, cessé de dire. Y compris dans cette « Adresse à la jeunesse d’Iran » que j’ai enregistrée, sur webcam, dès les premières manifestations et que Liliane Lazar a diffusée sur la page Facebook qu’elle me dédie. Je sais que cette vidéo a été vue en Iran. Beaucoup. Et que c’est le genre de témoignage qui, même modeste, même infime, a au moins ce mérite : montrer aux gens qu’ils ne sont pas si seuls qu’ils le croient.

NS : Pour la première fois, ce n'est plus seulement Ahmadinejad mais Ali Khamenei qui a été attaqué. Pour la première fois également, le Gardiens de la Révolutions sont intervenus pour menacer les manifestants. Le régime iranien est-il, pour la première fois, en danger ?

BHL : Absolument, oui. Et, si j’ose dire, mécaniquement. Car c’est le pilier, là, qui est atteint. Le régime tenait sur l’illusion de la neutralité de Khamenei. On disait : « il y a les factions ; peut-être même se déchirent-elles ; mais heureusement il y a le Guide qui tient l’équilibre entre les factions ». Eh bien fini, l’illusion. Il est tombé, le masque de la neutralité. Khamenei, en prenant parti pour Ahmadinejad, en participant si éhontément au vol du résultat des élections, a achevé de perdre le crédit qui lui restait et a sapé l’une des bases essentielles du régime.

Au sujet de Moussavi : C'est le destin de toutes les révolutions de créer des leaders révolutionnaires

NS : Moussavi n'est pas un adversaire du régime islamique, comme l'a rappelé Khamenei lui-même. Or c'est ce même Moussavi qui s’est retrouvé, un peu malgré lui, l'effigie de la rébellion. Peut-il y avoir une Révolution anti-islamique sans leaders dignes de ce nom ?

BHL : Je dirai les choses autrement. C’est le destin de toutes les révolutions, avant de dévorer leurs enfants, de commencer par les produire et les engendrer. Elles font ça avec le tout venant. Avec les hommes du régime ancien. Elles font ça avec des hommes venus du vieux monde, parfois minuscules, médiocres, voire minables, mais qu’elles haussent au dessus d’eux-mêmes et auxquels elles confèrent, certains pour quelques jours, certains pour l’éternité, un destin d’exception. C’est ce qui est arrivé à Moussavi. Peu importe son passé. Peu importe qu’il ait été, comme vous dites, un homme de l’ancien régime. L’essentiel c’est qu’il s’est trouvé là, à ce point de l’histoire iranienne, hissé au-dessus de lui-même, soudain plus grand que soi, peut-être pour pas très longtemps, mais ça n’a aucune espèce d’importance.

NS :
Nicolas Sarkozy a averti l'Iran à plusieurs reprises qu'il risquait une attaque israélienne. Netanyahu est arrivé en Europe pour, semble-t-il, s'assurer le soutien des Européens sur le dossier iranien et peut-être en cas d'offensive contre l'Iran. Estimez-vous normal qu'Israël puisse envisager d'attaquer l'Iran ?

"Il faut tout faire - tout - pour empêcher des fanatiques d'avoir accès à l'arme atomique"

BHL : J’estime, non seulement normal, mais essentiel que l’on tente tout, je dis bien tout, pour empêcher des fanatiques d’avoir accès à l’arme atomique. Alors, bien sûr, la diplomatie. Alors, bien sûr, le dialogue. Alors, bien sûr, l’arme des sanctions dont on est loin, très loin, d’avoir épuisé les effets. Mais imaginons que rien de tout cela ne marche. Supposons que les dingues qui règnent à Téhéran fassent eux-mêmes le choix du viva la muerte. C’est vrai que ce jour-là, la communauté internationale n’aura plus tellement le choix…

NS : Pensez-vous qu'il soit possible aujourd'hui, par voie diplomatique ou même militaire, d'empêcher l'Iran d'accéder à la bombe ?

BHL : Je n’en sais rien. Je ne suis pas un expert de ces choses. Mais mon dieu oui, j’espère de toute mon âme qu’il existe encore des moyens d’empêcher cette catastrophe…

NS : Le président français a d'abord tenté d'isoler l'Iran en "sortant la Syrie de son isolement" (on peut toutefois se demander s'il n'a pas par ce biais renforcé le camp iranien, bien malgré lui). La France a ensuite inauguré sa base militaire à Abu Dhabi. Quel rôle la France peut-elle jouer dans le conflit au Moyen-Orient ?

BHL : Un rôle clef. Le Président Sarkozy est un incontestable ami d’Israël. Et il a montré, en même temps, qu’il pouvait avoir, sur les dossiers du Proche-Orient, des positons équilibrées. Cela est précieux. Cela sera, à mesure que le temps passera, de plus en plus précieux.

NS : Etes-vous satisfait de la nouvelle approche américaine des problèmes du Moyen-Orient ? Moins d'ingérence, une reconnaissance publique de la grandeur de l'islam, l'envoi d'un ambassadeur à Damas. Par sa volonté d'éviter les heurts et de promouvoir des liens d'amitié avec tous, ne risque-t-on pas de laisser le champ libre aux extrémistes et d'affaiblir les voix modérées ?

BHL : Je ne sais pas. On verra. Je pense qu’il faut, sur ces dossiers, laisser sa chance à l’administration Obama. Rien, dans le « track record » du Président, ne me semble de nature à nourrir la suspicion. Et qu’on reconnaisse la grandeur de l’Islam dans le moment même où on exhorte le monde arabo-musulman a) à renoncer au terrorisme, b) à s’ouvrir à la démocratie, c) à reconnaître la légitimité d’Israël, cela n’a rien pour me choquer.

NS : Le MEMRI a été le premier à évoquer une guerre froide au Moyen-Orient entre le camp iranien et la majorité des pays arabes sunnites modérés. Cet antagonisme est-il dangereux pour la paix ou permet-il au contraire d'unir les forces modérées face à la menace terroriste ?

BHL : L’Iran est un danger pour la paix. Mais que les pays sunnites modérés s’allient aux démocraties pour prendre conscience du danger et tenter de le contrecarrer me semble en revanche une bonne chose. La politique c’est l’art du moindre mal. C'est-à-dire de la hiérarchie des dangers et, donc, des urgences. Il y a une urgence, aujourd'hui : aider le peuple iranien à se débarrasser d’un tyran qui est, aussi, une menace pour le monde.

AD : Vous nous disiez il y a quatre ans que l'on ne jouait pas aux dés le destin d'Israël. Qui tient selon vous le destin d'Israël entre ses mains, l'Amérique, l'Iran?

BHL : Pour le pire, l’Iran – car nous savons bien que sa première cible, en cas d’obtention de l’arme atomique, serait le fragile et solitaire Israël. Pour le meilleur, l’Amérique – dont l’alliance avec Israël me semble, je vous le répète, encore très solide. Cela dit, ne nous trompons pas : aucune alliance n’est éternelle et le meilleur ami d’Israël reste encore Israël lui-même – sa force militaire, sa suprématie stratégique mais, aussi, les valeurs morales qui sont au principe du sionisme et qui en font un Etat, quoi qu’on en dise, pas comme les autres.

Un Etat palestinien oui, mais démilitarisé et sans retour des réfugiés

AD : Voyez-vous une solution au conflit israélo-arabe qui tienne compte de la sécurité d'Israël, de son identité juive ?

BHL : Tout le monde la voit, la solution. Tout le monde, sur le fond, est à peu près d’accord. C’est la solution des deux Etats. Assortie de deux conditions : la démilitarisation de l’Etat palestinien et la fin de non recevoir à la demande du fameux « droit au retour » des Palestiniens.

AD : Certains évoquent une islamisation des sociétés occidentales, par la démographie, la culture, l'habillement. Que répondez-vous?

BHL : Que c’est absurde.

AD : On dit qu'il faut une diaspora éclatante pour prendre la défense efficace d'Israël. Une alyah éclatante pourrait-elle être utile à votre avis ?

BHL : Il faut les deux. Car le judaïsme c’est les deux. C’est la combinaison du sionisme et des valeurs de la diaspora. C’est l’esprit de Scholem et celui de Rosenzweig. Les deux.

Propos recueillis par Nathalie Szerman avec le concours d'André Darmon